Semaine des Droits des femmes
A Audincourt comme ailleurs, le 8 mars marque la journée internationale des droits des femmes. Le Centre Social d’Audincourt Escapade vous invite pour une semaine dédiée à cette cause : c’est la Semaine des droits des femmes. Entre conférence, atelier, débats, pièces de théâtre, vous ne serez pas déçus !
Portrait de femme : Leïla, du crépuscule à la lumière
Chaque année, la rédaction de l’Audinfo met à l’honneur la lutte pour les droits des femmes. Dans le dernier numéro, l’équipe a décidé de faire la lumière sur une femme, au parcours atypique et au courage exceptionnel.
Elle s’appelle Leïla. Un prénom d’origine perse signifiant la nuit, le crépuscule. Le crépuscule, Leïla l’a vécu, le connaît. Elle sait ce que sont des jours sombres, sans vie, sans lumière. La jeune femme, née en Iran, débarque en France il y a 17 mois. Elle pose ses valises dans le Pays de Montbéliard, accompagné de ses deux enfants et de son mari. Ses « valises ». Un grand mot quand on sait que Leïla et sa famille ont tout vendu pour fuir le régime dictatorial de l’Iran. La belle maison, la voiture qui va avec, le petit et le gros électroménager. Au total, ils amassent 60 000$. Une belle somme d’argent pour débuter une nouvelle vie. Ce qui n’a pas de prix et qui sera perdu : les diplômes, les métiers exercés. Leïla travaillait en Iran, tout comme son mari directeur d’une entreprise de marbre et son fils de 19 ans, étudiant en médecine. « C’est pas grave, on fera mieux ailleurs ». L’ailleurs en question, l’Europe. Synonyme de paix, de liberté, de sécurité. Il y a 17 mois, après la pendaison du cousin de Leïla, la famille décide officiellement de fuir. Quand on ose demander pourquoi son cousin a été pendu, les larmes coulent, les souvenirs refont surface. « Ma famille et moi ne sommes pas d’accord avec le régime actuel de l’Iran. Nos opinions dérangent. Il n’y a aucune place pour l’opposition là-bas. » C’est simple, c’est clair, et c’est inacceptable. « Mais nous ne savions pas ce qui allait nous attendre ». Sans aucun droit de voyager au-delà de l’Iran, Leïla et sa famille prennent des risques quitte à perdre toutes leurs économies pour un très dangereux périple jusqu’en Europe. Un périple sans fin ponctué d’agressions, de dénigrement. « C’est derrière nous » confie-t-elle, émue. Sa force à Leïla c’est de continuer à revendiquer ses opinions. Son courage c’est de scander haut et fort les exactions commises chaque jour en Iran. Une femme, une voix, un combat.
Ce récit, Leïla le partage avec les élèves de 4ème du collège des Hautes-Vignes, dans le cadre d’un travail vidéo intitulé « Paroles de migrants ». Jean-Louis Schneider, principal, est fier d’accueillir Leïla. « La faire témoigner devant nos jeunes c’est donner du sens au flux migratoire que l’on connaît. Les élèves mettent en pratique les cours d’histoire. » Il faut dire que ses élèves ont été très intéressés par le parcours de Leïla. Beaucoup ont été émus, beaucoup se sont interrogés. Comment un si petit bout de femme a pu vivre ces choses atroces ? Comment vivre dans un pays où règne la dictature ? Comment avoir le courage de continuer à revendiquer ses opinions ?